Nicolas Duvoux, président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté, alerte sur l'aggravation de la pauvreté due au projet de budget 2026. Dans un entretien au « Monde », il s'inquiète de l'impact du gel des prestations sociales pour les personnes précaires. Cela fait suite à une hausse record du taux de pauvreté annoncée par l'Insee en juillet.
Le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE), rattaché à Matignon, a été chargé cet été par le premier ministre de l'époque, François Bayrou, de réfléchir à un objectif de réduction de la pauvreté à dix ans. Pourtant, avec le projet de budget 2026 présenté le 14 octobre, « la pauvreté va mécaniquement s’aggraver de façon encore plus marquée », alerte Nicolas Duvoux, sociologue et président de l'organe consultatif.
L'Insee a publié le 7 juillet des chiffres inquiétants : 650 000 personnes ont basculé dans la pauvreté en 2023, portant le taux de pauvreté à 15,4 %, un niveau inédit en presque trente années de mesure. Cela représente près de 9,8 millions de personnes en situation de pauvreté. Interrogé sur ces données, Duvoux explique : « Nous n’avons pas été surpris par la tendance. En effet, la pauvreté monétaire progresse depuis les années 2000, alors qu’elle avait considérablement diminué en cinquante ans, grâce à la montée en puissance des régimes de retraite obligatoires. En revanche, nous ne nous attendions pas à une hausse aussi spectaculaire entre 2022 et 2023. »
Il note également une surprise quant au niveau élevé du taux de pauvreté en conditions de vie, mesurant des privations matérielles et sociales, stable depuis 2022. « Il ne s’agit donc pas d’une variation annuelle », précise-t-il. Duvoux met en garde contre le gel des prestations sociales, qui impactera particulièrement les plus précaires, et appelle à une révision du budget pour contrer cette tendance.