Le prix Nobel d’économie français Philippe Aghion a plaidé lundi soir sur France 2 pour suspendre la réforme des retraites jusqu’aux élections présidentielles de 2027. Il propose d’arrêter l’augmentation progressive de l’âge de départ à 62 ans et 9 mois pour calmer les tensions. Cette déclaration intervient alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu a ouvert la porte à un débat sur la suspension de la réforme contestée.
Philippe Aghion, récemment lauréat du prix Nobel d’économie pour ses travaux sur la croissance et l’innovation en collaboration avec le Canadien Peter Howitt, est intervenu lundi soir au journal télévisé de France 2. Interrogé sur la réforme des retraites adoptée en 2023 sous le gouvernement d’Élisabeth Borne, il a exhorté à « stopper » son application jusqu’aux élections présidentielles de 2027.
« Je pense qu’il faut arrêter l’horloge maintenant jusqu’aux élections présidentielles. C’est-à-dire qu’on est à 62 ans et 9 mois, on stoppe à 62 ans et 9 mois jusqu’aux élections présidentielles », a-t-il déclaré. Selon lui, cette mesure « est la façon de calmer les choses » et « ça ne coûte pas très cher de stopper ». Aghion a précisé que cela ne signifierait pas la suppression de la réforme, dont il s’est dit toujours partisan sous la forme d’un âge de départ à 63 ans avec révision périodique. « Ça veut dire que si rien ne se passe, ça reprend en 2027 », a-t-il ajouté.
Cette prise de position s’inscrit dans un contexte politique tendu. Mardi, le projet de budget 2026 doit être présenté en conseil des ministres par Sébastien Lecornu, reconduit vendredi comme Premier ministre. Lecornu a récemment ouvert la porte à un débat sur la suspension de la réforme, une demande réitérée par le Parti socialiste (PS), qui menace de censurer le gouvernement si elle n’est pas mise en pause.
Aghion a également évoqué d’autres aspects fiscaux, critiquant les abus des holdings familiales qu’il estime devoir être ciblés, tout en défendant l’innovation et les outils productifs contre des taxes comme celle proposée par Gabriel Zucman. L’autre moitié du Nobel a été attribuée à l’Américain Joel Mokyr pour ses analyses sur les conditions de la croissance durable via le progrès technologique.