Sénat adopte un texte insuffisant contre la vie chère en outre-mer

Le Sénat a adopté mercredi 29 octobre un projet de loi contre la « vie chère » en outre-mer, porté par la ministre Naïma Moutchou. Jugé largement insuffisant par les parlementaires ultramarins, le texte révèle des frustrations face à l'absence de mesures ambitieuses sur le pouvoir d'achat et la concurrence. Il est désormais transmis à l'Assemblée nationale.

La lutte contre la « vie chère » en outre-mer, qualifiée d'« urgence » par le Premier ministre Sébastien Lecornu, a progressé au Sénat le 29 octobre avec l'adoption d'un projet de loi. Porté par la nouvelle ministre des outre-mer, Naïma Moutchou, ce texte a été approuvé à main levée malgré des critiques vives des élus ultramarins, qui se sont en grande partie abstenus.

Les débats ont mis en lumière des attentes déçues. Selon l'Insee, l'écart de prix pour les produits alimentaires peut atteindre 42 % entre les territoires ultramarins, comme la Guadeloupe et la Martinique, et la France métropolitaine ; en Guadeloupe, les prix alimentaires ont augmenté de 35 % en dix ans. Ces disparités ont alimenté des manifestations en Martinique à l'automne 2024.

« Il convient de ne pas donner de faux espoirs, qui engendreront bientôt d’amères déceptions chez nos concitoyens ultramarins », a averti Micheline Jacques, sénatrice Les Républicains de Saint-Barthélemy et rapporteuse du texte, le qualifiant d'« outil de communication ». Catherine Conconne, sénatrice socialiste de Martinique, a dénoncé une « occasion manquée » : « Cette loi-extincteur ne va pas éteindre le feu de la vie chère sous nos yeux » car elle « n’a pas pris en compte le problème des revenus ». Victorin Lurel, ancien ministre socialiste des outre-mer, a ajouté : « Il n’y a pas un centime de mis par le gouvernement ».

Naïma Moutchou a défendu le choix du gouvernement de ne pas aborder les aspects sociaux et budgétaires, estimant que les questions de revenus se résolvent « dans la durée ». Le Sénat a supprimé deux mesures phares : l'exclusion des frais de transport du seuil de revente à perte (SRP), pour éviter de favoriser les gros distributeurs, et un mécanisme de péréquation pour réduire les frais d'approche.

Malgré ces suppressions, le texte renforce le « bouclier qualité-prix » (BQP) pour réduire l'écart de prix avec l'Hexagone, accorde aux préfets le pouvoir de réguler les prix en cas de crise, et cible spécifiquement les eaux en bouteille. Un volet sur la transparence impose aux entreprises la transmission de données sur leurs marges et comptes, avec sanctions, et un amendement socialiste lie les aides publiques à la publication des comptes sociaux.

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