Le leader de l'opposition centriste de gauche Tufan Erhürman a été élu président de la République turque de Chypre du Nord avec 63 % des voix, battant l'actuel président Ersin Tatar, soutenu par la Turquie. Cette victoire renforce les partisans de la réunification fédérale de l'île, divisée depuis 1974. Erhürman promet l'égalité et la liberté, tandis qu'au sud, elle est saluée comme un message positif pour reprendre les négociations.
Les Chypriotes turcs ont voté dimanche pour un changement à la présidence de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), une entité reconnue uniquement par la Turquie qui contrôle le tiers nord de l'île. Tufan Erhürman, jusqu'à présent leader de l'opposition centriste de gauche, a obtenu 63 % des voix contre 35 % pour Ersin Tatar, évitant un second tour. Erhürman défend une solution fédérale pour réunifier Chypre, contrairement à Tatar, qui soutient la partition en deux États et bénéficie du soutien d'Ankara.
Chypre est divisée depuis la guerre de 1974, la partie sud ayant rejoint l'Union européenne en 2004. La victoire d'Erhürman est considérée comme une bonne nouvelle pour la réunification. Dans ses premières déclarations, il a promis : « Le peuple chypriote turc a montré que nous ne sommes pas divisés. La fraternité a triomphé. En tant que président, je serai le gardien de l'égalité et de la liberté ».
De l'autre côté de la Ligne verte, patrouillée par les Casques bleus de l'ONU, Stefanos Stefanou, leader du parti de gauche AKEL dans le sud, a accueilli favorablement les résultats : « La communauté chypriote turque a décidé en faveur d'une solution fédérale et de la réunification. C'est un message positif et plein d'espoir. Nous devons maintenant nous concentrer sur la reprise des négociations là où nous les avions laissées ».
Cette victoire est un revers pour le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le gouvernement a soutenu Tatar. En 2020, la Turquie a été accusée d'ingérence pour assurer sa victoire étroite. La RTCN est économiquement dépendante de la Turquie, mais sa société a progressé en matière de démocratisation et de laïcité, provoquant des tensions, comme les manifestations d'avril contre l'imposition du voile dans les écoles sous la pression d'Ankara.
Erhürman a assuré qu'il consulterait la Turquie sur la politique étrangère, bien qu'Erdogan favorise désormais la partition. Le leader ultranationaliste Devlet Bahçeli a critiqué la faible participation et a exhorté le parlement chypriote turc, à majorité conservatrice, à rejeter les résultats et à voter pour l'annexion à la Turquie.