Dans une tribune au « Monde », Jérôme Fournel, ancien directeur de cabinet de Michel Barnier, appelle à une grande remise à plat des aides budgétaires et niches fiscales pour le budget 2026. Il dénonce l'accumulation de centaines de dispositifs coûteux qui pèsent sur les finances publiques. Cette refondation vise à contrer un déficit représentant 6 % du PIB en 2024.
Le débat fiscal et budgétaire en France met l'accent sur la taxation des hauts patrimoines et des entreprises, ainsi que sur la nécessité de contenir les dépenses publiques, qui atteignent 57 % du PIB en 2024 contre 51 % de recettes, creusant un déficit de 6 points. Jérôme Fournel pointe cependant un angle mort : l'invraisemblable accumulation de centaines d'aides budgétaires et de niches fiscales, touchant particuliers et entreprises, hors prestations sociales.
Historiquement, la France compense des taux d'imposition élevés par des assiettes étroites, via de multiples déductions, réductions, abattements, crédits d'impôt et aides budgétaires. Les chambres de métiers et de l'artisanat recensent plus de 2 300 dispositifs d'aide aux entreprises, incluant prêts et garanties. Pour les particuliers, plusieurs centaines de mesures existent, comme le chèque énergie, le crédit d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile, ou des aides improbables pour réparer un électroménager ou acheter un vélo électrique.
Même en se limitant aux niches fiscales dérogatoires, on compte de 380 à 500 dispositifs. Leur coût est élevé : près de 100 milliards d'euros pour ceux relatifs aux entreprises, hors allègements de cotisations sociales, selon des rapports convergents de l'Inspection générale des finances, de la Cour des comptes et du Haut-Commissariat au Plan. Pour les particuliers, les dizaines de milliards d'euros sont difficiles à évaluer exhaustivement.
Fournel argue que cet empilement a un coût financier et politique élevé. Plutôt qu'un détricotage piecemeal, il plaide pour une grande refondation du système, afin de restaurer l'équité et l'efficacité budgétaire.