French Prime Minister Sébastien Lecornu announces the suspension of the 2023 pension reform at a press conference, with French flags and documents in the background.

Le premier ministre suspend la réforme des retraites jusqu'en 2027

Image générée par IA

Le premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la suspension de la réforme des retraites de 2023, reportant les débats sur l'âge et la durée de cotisation après l'élection présidentielle de 2027. Cette décision vise à stabiliser le budget dans un contexte de défiance, mais suscite des débats sur ses implications pour l'égalité et les inégalités professionnelles. Des experts soulignent que les fondements de la réforme restent inchangés, tout en appelant à corriger les disparités, notamment pour les femmes et les seniors.

Dans son discours de politique générale du 14 octobre, Sébastien Lecornu a inscrit parmi les urgences l'amélioration des retraites des femmes, une préoccupation affichée depuis la réforme Touraine de 2014, mais traduite par des mesures jugées dérisoires. La pension moyenne des femmes représente 62 % de celle des hommes, et le taux de pauvreté des retraitées augmente depuis 2017, atteignant 25 % pour les femmes divorcées. Le gel annoncé des pensions aggravera cette situation.

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 prévoit pour les mères un calcul de pension basé sur les 24 meilleures années pour un enfant et 23 pour deux ou plus, au lieu de 25. Selon Christiane Marty, chercheuse, « aucune politique volontariste n’est mise en œuvre pour permettre aux femmes d’accéder à un emploi à temps complet », et cette mesure, bénéficiant à 50 % des femmes dès 2026, corrige peu les carrières courtes ni la décote, reconnue par le rapport Delevoye de 2019. Elle pérennise des rôles genrés, potentiellement contraires aux directives européennes sur l'égalité.

Astrid Panosyan-Bouvet, ancienne ministre et députée Renaissance, estime que « la nécessité de travailler plus longtemps ne peut s’imposer de la même manière à tous ». La réforme de 2023, contestée malgré les alertes depuis le Livre blanc de Michel Rocard en 1991, fait face à un déséquilibre du système par répartition, avec 25 % des dépenses publiques et 28 % des cotisations salariales. La France accuse un retard sur l'activité des plus de 60 ans, avec une durée de travail annuelle faible et une productivité au 27e rang des 38 pays de l'OCDE. Depuis 2010, le recul de l'âge légal à 62 ans a augmenté l'âge moyen de départ, mais 20 à 25 % des ouvriers et aides-soignants sont déclarés inaptes avant 60 ans.

Michaël Zemmour, économiste, analyse que la suspension reporte l'application d'un an pour les générations 1964-1968, permettant un départ trois mois plus tôt, comme 63 ans et six mois pour les nés en 1967 au lieu de neuf. Les fondements restent : progression vers 64 ans pour les générations post-1968. Des défis persistent, comme les carrières s'arrêtant autour de 60 ans sans retraite, touchant un ouvrier sur trois et une employée sur quatre (Insee), creusant les écarts de niveau de vie.

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