Dans les remarques d'ouverture à la 40e Conférence annuelle du G30 sur la banque internationale à Washington DC, la présidente de la BCE Christine Lagarde a défendu la position de l'Europe au milieu des débats sur les déséquilibres économiques mondiaux. Elle a argué que l'excédent de compte courant de la zone euro est en déclin et n'est pas un moteur principal des déficits mondiaux. Lagarde a appelé à des partenariats transatlantiques plus forts plutôt qu'à des mesures commerciales coercitives.
Le 18 octobre 2025, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a prononcé les remarques d'ouverture au panel sur les “Perspectives économiques mondiales” lors de la 40e Conférence annuelle du G30 sur la banque internationale à Washington DC. Elle a abordé les préoccupations croissantes concernant les déséquilibres mondiaux, notant que les discussions se sont concentrées sur la Chine et les États-Unis, l'Europe étant désormais sous le feu des critiques pour une prétendue politique commerciale “injuste” envers les États-Unis.
Lagarde a souligné que la zone euro et la Chine représentent ensemble environ la moitié de l'excédent de compte courant mondial —environ un quart chacune— tandis que les États-Unis représentent environ trois quarts du déficit mondial. Cependant, elle a clarifié le rôle limité de l'Europe, déclarant : “Parmi les trois grandes économies, l'Europe n'est pas une source clé des déséquilibres mondiaux —et sa contribution diminue de manière constante”.
Des données clés ont mis en lumière les nuances : La zone euro enregistre un déficit d'environ 150 milliards d'euros avec la Chine, qui s'est élargi d'environ 10 % cette année. Le commerce avec les États-Unis est globalement équilibré, avec un excédent en biens compensé par un déficit en services, en grande partie dû aux multinationales américaines. Selon les estimations de la BCE, environ 30 % de l'excédent bilatéral en biens reflète les exportations d'affiliés européennes de firmes américaines, tandis que ces mêmes firmes représentent environ 90 % du déficit en services, en particulier dans les produits de propriété intellectuelle comme les produits pharmaceutiques.
L'excédent global de compte courant de l'Europe a été divisé par deux, passant de près de 4 % du PIB en 2018 à 2,1 % au premier semestre de cette année, et devrait rester autour de ce niveau. En revanche, l'excédent de la Chine est passé de 0,2 % à 3,7 % du PIB, et le déficit des États-Unis s'est élargi de 2,1 % à 6 % sur la même période. Lagarde a attribué le déclin de l'excédent à des forces de renversement post-pandémie, y compris une concurrence accrue de la Chine —marquée par une appréciation réelle de l'euro de 32 % par rapport au yuan depuis 2022— et un soutien budgétaire à venir, avec un déficit moyen de la zone euro attendu à un peu plus de 3 % du PIB pour les trois prochaines années.
La démographie explique une grande partie de ce qui reste, avec une population vieillissante stimulant l'épargne. Le FMI a évalué l'écart “excessif” à environ 1 % du PIB en 2024, qui s'est depuis resserré davantage.
Dans ses conclusions, Lagarde a averti que des tarifs douaniers coercitifs contre l'Europe ne résoudraient pas les déséquilibres américains et pourraient se retourner contre eux en augmentant l'épargne de précaution européenne et en réduisant les importations américaines. Elle a plaidé pour un regroupement de ressources avec les alliés, voyant la force manufacturière de l'Europe comme un atout pour les États-Unis afin de réduire les dépendances vis-à-vis de la Chine. Enfin, elle a appelé l'Europe à stimuler la demande intérieure via le Marché unique, notant qu'une hausse de 2 % du commerce intra-zone euro pourrait compenser les pertes d'exportations américaines dues aux tarifs.