Le Sénat chilien examine un projet de loi sur la coexistence scolaire

Le gouvernement chilien avance un projet de loi au Sénat pour améliorer la coexistence scolaire face à une hausse record des plaintes pour violence dans les écoles. Bien que l’initiative vise à établir une nouvelle norme, elle fait face à des critiques pour manque de ressources et de soutien aux enseignants. Les experts débattent de son potentiel à renforcer la démocratie éducative.

Le projet de loi sur la coexistence scolaire, le bon traitement et le bien-être dans les communautés éducatives est actuellement en cours d’examen au Sénat chilien. Selon la Superintendencia de Educación, entre janvier et septembre de cette année, 11 091 plaintes relatives à des problèmes de coexistence ont été enregistrées, un nombre record qui a doublé au cours de la dernière décennie et représente 70 % des plaintes totales reçues. Seulement 36 % de la population considère les écoles comme des espaces sûrs, tandis qu’un tiers des enseignants souffre d’épuisement émotionnel et 20 % quittent la profession dans leurs cinq premières années.

Le ministère de l’Éducation (Mineduc) propose une « nouvelle norme » pour la coexistence, axée sur la promotion, la prévention et l’attention intersectorielle, incluant le renforcement des équipes psychosociales et la obligatoire des Conseils scolaires pour démocratiser la gouvernance. Cependant, Daniel Rodríguez, directeur exécutif d’Acción Educar, critique le projet comme une « promesse vide », arguant qu’il manque de financement pour embaucher des professionnels comme des psychologues et des thérapeutes, surchargeant des enseignants déjà sous-financés et bureaucratisés. Il note que le gouvernement priorise des comités interministériels inefficaces plutôt que de renforcer l’autonomie des directeurs, et que les ressources vont à la gratuité au lieu de solutions concrètes.

D’un autre côté, Carmen Gloria Zúñiga, académique à l’Université pontificale catholique du Chili, voit le projet comme une opportunité cruciale pour aborder la crise, bien qu’il nécessite des ajustements en matière de financement, surtout dans les zones vulnérables. Elle souligne la nécessité d’intégrer l’éducation socio-émotionnelle dans le curriculum, reconnaissant que 56 % de la violence scolaire provient du foyer, et que les écoles doivent être des espaces protecteurs pour apprendre à coexister. Elle appelle à des mesures pour soutenir le bien-être des enseignants, comme réduire les charges administratives, et à surmonter la dichotomie entre qualité académique et coexistence.

Les sénateurs de la Commission de l’Éducation ont tenté d’apporter des améliorations, mais le consensus suggère que sans ressources suffisantes, le projet pourrait ne pas avoir d’impact structurel. Son approbation, avec des amendements, pourrait marquer un progrès dans la transformation éducative du Chili.

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